Qu'est-ce que le vivre-ensemble dont on nous rebat sans cesse les
oreilles à longueur d'interviews politiques et d'interventions
journalistiques ? Évidemment, tout le monde comprend bien à peu près de
quoi il s'agit : d'une sorte de savoir-vivre qui permettrait une vie en
communauté apaisée. Le problème, car il y en a un, c'est que tout le
monde n'ayant pas le même niveau d'éducation ni les mêmes valeurs,
chacun peut interpréter ce vivre-ensemble à sa manière et se sentir tout
à fait légitime à imposer sa façon de voir les choses. Qui pourra dire
par exemple que l'application de la charia n'est pas une manière de
vivre ensemble, ou que la généralisation de l'homosexualité ou son
expression dans l'espace public n'en est pas une non plus ? Il y a des
quartiers pour ça, et je pense à Barbès ou au Marais. Mais ces quartiers
sont-ils la France ? Heureusement non, sinon il n'y aurait plus qu'à
faire des ghettos partout. En tant que Français, je veux pouvoir me
promener partout en étant assuré de le faire sous la protection des lois
qui s'appliquent sur tout le territoire. N'est-ce pas là l'application
concrète du principe d'égalité ? Alors que la notion de vivre-ensemble
est laissée à l'arbitraire de nos consciences et que la nature
profondément égoïste de l'homme ne le porte pas aux compromis mais
plutôt à l'imposition aux autres, s'il le peut de ses choix et
décisions, il est difficile de croire qu'une conception tombée du ciel
d'un vivre-ensemble angélique pourra permettre de garantir la paix
sociale. Car l'objectif pour nos dirigeants est là. Incapables de faire
régner la loi républicaine qui est pourtant là pour faire régner l'ordre
public et garantir une certaine harmonie dans la sociétés, débordés par
les revendications communautaristes auxquelles ils n'imposent aucune
restriction, culpabilisés par l'habitude d'une repentance de la France
face à son histoire colonialiste (dont les descendants qui n'en ont pas
été les acteurs devraient continuer à se sentir fautifs), ils ont trouvé
plus facile de déléguer la responsabilité de l'entente nationale qu'ils
brisent sans arrêt à coup de vagues successives d'immigration dont on a
du mal à cerner l'utilité dans une France à six millions de chômeurs et
9 millions de pauvres. Une façon de dire : Français, démerde-toi.
Peut-on compter sur un savoir-être qui mêlerait civisme et éducation
forgée à base de principes chrétiens de tolérance, d'amour du prochain
et de justice sociale ? De moins en moins me semble-t-il. Force est de
constater que nos élus ne s'occupent plus de grand-chose d'important et
laissent la France aller à vau l'eau. Pour courir et s'octroyer les
bonnes places (voir Luc Ferry et le C.A.S, conseil d'analyse de la
société, un poste qui rapporte plus que celui de prof dans une
université où plus personne ne le voit jamais), faire semblant de
travailler pour finalement faire ce que leur demande l'Europe, avec
derrière les USA (la crise ukrainienne le prouve), ça ils savent faire.
mais résoudre les problèmes des Français, là, je crois qu'on peut
toujours attendre, à moins de mettre des vrais amoureux de la France au
pouvoir. Ça se fait rare par les temps qui courent. Et le seul parti
susceptible d'en fournir est diabolisé et stigmatisé. Alors que
reste-t-il à faire ? Refuser l'expression vivre-ensemble et la remplacer
(ça mettra vos interlocuteurs dans l'embarras et les forcera à regarder
les choses en face) par les termes civisme républicain. Continuer à
maintenir son intelligence au-dessus des pseudo évidences de la pensée
unique et résister à la propagande et aux formules toutes faites qu'un
pouvoir aux abois tente d'imposer.
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